Une brève présentation de mes objets et méthodes de recherches
Par Anne Tricot, Géographe et Ingénieure au CNRS
Présentation:
A la croisée de la géographie humaine, de la sociologie, de l’anthropologie et de la science politique, mes travaux de recherche ont pour objet de comprendre la vulnérabilité humaine et le rapport des populations aux risques d’inondations (continentales et littorales comme la submersion marine et l’érosion côtière) : des risques de type catastrophique qui dans la perspective des changements climatiques pourraient s’intensifier et devenir plus fréquents.
Je me suis initialement intéressée à la mise en œuvre des outils de prévention des risques (PER, PPR, PSM etc.), à leur articulation aux politiques et aux outils d’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Dans ce cadre, mes recherches se sont centrées sur les formes d’expertises mobilisées et les jeux d’acteurs entre services de l’Etat et acteurs locaux. A la suite des événements des années 2010 (tempête Xynthia, inondations du Var), je me suis aussi intéressée à la montée en charge de la question climatique dans les outils de prévention des risques, au renouvellement des procédures notamment à travers la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Gestion des inondations (SNGRI) où la prise en compte des enjeux et de la vulnérabilité humaine est devenue plus centrale. Mes travaux se sont ensuite élargis aux connaissances locales, expérientielles des habitants dans la compréhension de la vulnérabilité et les types de réponses apportées pour vivre dans des espaces à risque. Au cœur de cette problématique survient aussi la question de l’attachement aux lieux et du rapport sensible des habitants à leur environnement. En résumé, je peux dire que je m’intéresse à la fois aux outils (procédures, dispositifs, systèmes ou politiques de prévention) qu’aux humains (leurs connaissances des risques, leurs perceptions et leurs représentations).
En tant que géographe de formation et ingénieure au Cnrs, j’ai beaucoup de plaisir à réaliser des enquêtes de terrain. Le plaisir de découvrir non seulement de nouvelles cultures, des problématiques et des enjeux en lien avec des questions environnementales, sociétales : j’ai ainsi participé à plusieurs recherches en France (essentiellement Alpes-Maritimes, Pyrénées-Atlantiques, Bretagne Nord et Sud, Bouches-du-Rhône) ainsi qu’à l’étranger (au Québec et plus récemment en Sibérie Orientale). L’enquête de terrain est toujours un peu déstabilisante mais aussi riche d’enseignements : elle nécessite un va-et-vient permanent entre empirie et recherche académique. Mon métier d’ingénieure m’a amenée à sans cesse rechercher, expérimenter, des dispositifs d’enquêtes visant à faire s’exprimer des personnes sur des terrains ou des sujets sensibles : elles vont se caractériser par la réalisation de techniques classiques mais aussi plus expérimentales, ou nouvelles. Il y a une part d’imprévu dans mon travail : entre ce que je connais et que je renouvelle à travers des méthodes et des recherches, et ce que je découvre sur le terrain au contact des personnes que je rencontre, des collègues avec qui je travaille. Ce qui pourrait caractériser mes approches méthodologiques c’est l’expérimentation de dispositifs d’enquêtes combinant le narratif, le visuel (le sonore aussi) le cartographique (cartographies participatives, cartographie mentale), pour observer, comprendre les connaissances des personnes, ou encore les comportements d’habitant dans des situations à risques (simulées).
Lundi 9 novembre 2020
14h-15h
En visioconférence