Par Gaëlle Ronsin, sociologue, Centre de formation sur l’environnement & la société (ENS Ulm), Centre Alexandre Koyré.
Résumé :
Les espèces et milieux n’ont jamais été autant soumis à des dynamiques transformatrices. Le caractère statique des politiques de conservation, basées sur le classement d’espèces et d’espaces à protéger, est de plus en plus mis en question. Ainsi, les dimensions heuristique et perturbatrice de certains milieux, notamment des écosystèmes océaniques, amènent à considérer, dans les concepts et l’action, des modes de conservation plus dynamiques et relationnels. Ceux-ci visent, entre autres, à déclasser ou reclasser des entités naturelles de façon située et temporelle, en s’appuyant les avancées des recherches en sciences de la vie et en sciences sociales. Ainsi, la protection de la nature semble amorcer aujourd’hui un deuxième tournant, que cette présentation cherchera à qualifier, en s’appuyant sur des enquêtes ethnographiques menées en France et au Canada.
Par Florian Sanguinet – Année de Préparation Doctorale. Florian a obtenu un master d’histoire et de sociologie des sciences « Histoire des Sciences, des Techniques et des Savoirs » à l’EHESS.
Résumé :
La méthodologie quantitative est aujourd’hui centrale en biologie. Pourtant, le promesse des nombres de fournir une description neutre et consensuelle de la nature est mise à mal par l’existence de nombreux débats quant à la validité des nombres produits. Les biologistes, les premiers concernés par ces difficultés, sont bien conscients que certaines espèces résistent à leur mise en nombre. Ceci est particulièrement vrai des epèces marines pour qui toute observation directe est impossible. Ainsi, des techniques et des protocoles nouveaux pour tenter de compter émergent. Mais les résultats produits sont difficiles à généraliser et parfois même, se contredisent entre eux. Surtout lorsqu’il s’agit de quantifier des interractions entre deux espèces.
Ceci est particulièrement visible dans le cas que cette présentation va explorer : les relations entre les phoques et les morues de l’Est du Canada. En effet, les dénombrements des phoques indiquent une augmentation importante de la population depuis la diminution de sa chasse à partir des années 80. A l’inverse, les dénombrements des « stocks » de morue , les plus grands aux mondes, montrent qu’ils se seraient effondrés brutalement en 1992. Depuis cette date, les populations de morue ne se renouvellent pas et les phoques sont régulièrement accusés d’en être reponsable. Mais un consensus clair à ce sujet peine à émerger. Diminuer le nombre de phoques permettrait au morue de revenir selon certains biologistes tandis que cela ne ferait qu’aggraver la situation selon d’autres. Les nombres qui étaient censés permettre une simplification des océans révèlent au contraire la multitude de façons de les regarder. Cette présentation analysera les processus de mise en nombre de ces espèces et les difficultés pour les agréger.
Mercredi 23 mars 2022
9h30-11h30
Salle D134
IUEM et via Zoom
(lien zoom sur demande)